
Comme le rosé, « c’est en Provence qu’il est né » monsieur Bréban ! Cette Provence qu’il aime et défend depuis… toujours, tout comme ses vins, ses producteurs et cet art de vivre que le monde entier, ou presque, nous envie.
En ouverture : Jean-Jacques Bréban, président des Comités Côtes de Provence et Coteaux d’Aix-en-Provence et trésorier du Conseil interprofessionnel des vins de Provence
ENTRETIEN. Email-gourmand : En vous écoutant parler des vins de Provence on pourrait vous croire un rien « chauvin » ?
Jean-Jacques Bréban : C’est possible, et pourtant franchement ce n’est pas du tout mon état d’esprit. Si depuis des décennies je défends avec passion la Provence, son terroir, ses vins et son art de vivre c’est tout simplement que professionnellement, je voyage beaucoup et je peux faire des comparaisons. Du Japon au Chili, de la Chine aux États-Unis, partout je découvre des vins, je les déguste, je fais la promotion des vins de Provence et sans aucun chauvinisme nous pouvons être fiers des rosés de Provence. Le travail des vignerons ne cesse de tendre vers l’excellence et si les rosés de Provence ont trouvé une place de choix sur les marchés de la consommation, ce n’est pas un hasard. Le consommateur, qui a le dernier mot, recherche un équilibre entre la qualité, le prix, l’identité, une image forte et la régularité. La Provence, aujourd’hui, apporte cet équilibre.
Email-gourmand : Que pensez-vous de certains rosés dont les prix « flambent ?
J-J. B. : Bien sur que vendre le « rosé le plus cher du monde » peut créer un buzz, mais n’assurera pas la fidélité du consommateur. Notre positionnement s’appuie sur trois éléments importants : la convivialité, le partage et l’accessibilité. Entre la législation et le coût de la vie, le rosé doit rester le produit unique et commun à tous ceux qui aiment partager les plaisirs gastronomiques, que ce soit autour d’une table, d’un apéritif, d’une fête… Pour cela nous devons absolument tenir le cap dans nos créneaux de prix et de qualité. Des éléments essentiels pour fidéliser le consommateur. Le savoir-faire dont nous sommes fiers, nous ne devons ni le sous-estimer, ni le surévaluer.
Email-gourmand : Que représente la production de rosé ?
J-J. B. : Nous sommes à peu près à 12 % de rouge, 3 % de blanc et tout le reste (85 %) en rosé. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Il n’y a rien à ajouter. Notre combat ne finit jamais, même si nous avons gagné la bataille du rosé. Je suppose que vous vous souvenez que les rosés auraient pu être faits d’un assemblage de rouge et de blanc ! Heureusement que cette idée folle n’a pas vu le jour. Une bataille gagnée, une autre est déjà là.
Email-gourmand : Quel nouveau combat s’annonce ?
J-J. B. : Par le décret du 15 juin 2006, les pouvoirs publics ont mis en place 10 bassins viticoles en France. Leurs missions : une stratégie régionale, une régulation des marchés, des pratiques culturales et œnologiques… Ce décret institue un bassin unique qui réunit la vallée du Rhône et la Provence. Dans ce fameux bassin viticole, la Provence se trouve avec la vallée du Rhône alors que nous avons peu de choses en commun : ni le terroir, ni l’image, ni la culture, ni l’identité.
Nous mettons tout en œuvre pour que soit créé un autre bassin : celui de la Provence. Nos arguments sont forts et recevables. Nos spécificités : 80 % de rosé, une interprofession structurée, un centre de recherche du rosé, un terroir particulier et une route des vins de Provence, sans oublier que culturellement et historiquement l’entité Provence porte en elle-même une véritable « personnalité ».
Email-gourmand : Quelles armes pour vous battre ?
J-J. B. : Nous avons quatre sièges mais nous ne les occupons pas, et cela, tant que ce nouveau bassin Provence ne verra pas le jour. D’autres stratégies sur lesquelles nous travaillons. Peut-être nous ne gagnerons pas la guerre mais toujours est-il que notre détermination, notre opiniâtreté, la confiance dans nos vins et la solidarité entre nous, nous permettra de gagner encore une bataille. Depuis tant d’années la Provence a fait un tel chemin que notre optimisme reste un véritable moteur.
Email-gourmand : On pose la question chaque fois que possible à propos du Comité des vins de Provence. Arriverez-vous un jour à réunir toutes les appellations de Provence ?
J-J. B. : De mon point de vue la réponse est oui, mais il faudra encore du temps. Communiquer pour un collectif n’a rien de simple. Certaines appellations craignent de se « perdre » au milieu des autres, ce qui est compréhensible, mais je reste convaincu, avec l’expérience du CIVP, que le positionnement, l’image, la notoriété, sont plus faciles à médiatiser lorsqu’on représente le plus grand nombre. Certes il faut respecter les différences et les spécificités de chacun, tout en utilisant les dénominateurs communs, ce qui permettrait une communication avec encore plus de lisibilité et de visibilité. Je reconnais que c’est un pas à franchir qui demande réflexion. Que chacun prenne le temps qui lui est nécessaire. Rien ne se fait en un jour, il faut laisser le temps au temps.
Propos recueillis par Magali Aimé
(photo Magali Aimé)
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