
Simples, sur lies, de Sèvre et Maine, des Coteaux de la Loire ou des Côtes de Grandlieu, ils ont su dès la naissance des appellations, en 1936, exprimer leur diversité. Aujourd’hui, cela va beaucoup plus loin. Avec la création d’appellations communales, ils revendiquent toutes leurs facettes.
Les vignerons du muscadet le savent depuis toujours : au sein d’une même appellation émergent des particularités liées à des terroirs bien déterminés, des socles de schistes, de granite, de gabbro qui ne donnent pas les mêmes résultats qu’ailleurs.
Dans les années 1990, au fil de discussions passionnées entre ces amoureux du terroir, l’idée a surgi : cette mosaïque de sols d’où se dégagent des tendances fortes, pourquoi ne pas l’officialiser ? L’idée de muscadet « de troisième niveau », en complément de l’AOC générique et des trois AOC régionales, était née.
Depuis 2001, les mentions communales peuvent donc figurer sur les étiquettes. Et depuis 2011, trois d’entre elles sont reconnues par l’institut national des appellations d’origine (Inao) comme des crus communaux. Gorges, Clisson et Le Pallet sont désormais établis comme des îlots d’expression du terroir par excellence.

CLISSON. Aire géographique : Clisson, Saint-Lumine de Clisson, Maisdon, Saint-Hilaire de Clisson. 19 vignerons inscrits dans la démarche.La ville de Clisson est en passe de devenir incontournable pour les amoureux du vin. Les vignes de ce cru sont cultivées sur une faille géologique du vieux massif armoricain appelée... granite de Clisson. Outre ce socle commun, les sols de l’appellation mêlent graviers et galets roulés. Une combinaison idéale pour favoriser un drainage naturel et une plongée des racines au cœur du terroir. Les vins qui en sont issus nécessitent de longs élevages (24 mois au minimum), pour exprimer toute leur richesse. Alors seulement, ils révèlent l’intensité de leurs notes minérales et de leurs arômes de fruits confits, de fruits secs et de coing. Prêts à être dégustés dès leur mise en marché, les muscadet Clisson peuvent également être oubliés en cave pendant plusieurs années avant d’être ouverts avec bonheur pour de jolies occasions.

GORGES. Aire géographique : Gorges. 15 vignerons inscrits dans la démarche.Situé de part et d’autre de la Sèvre, sur des sols issus de gabbros altérés et d’argiles à quartz, ce cru a été l’un des premiers à mettre en place, dès les années 1990, les conditions spécifiques de production et de vinification qui en font un grand vin de garde. Les vins qui en sont issus nécessitent plus de deux ans d’élevage sur lie pour exprimer pleinement leur terroir et leur complexité : finesse, minéralité intense, ainsi qu’une note fumée caractéristique.

LE PALLET. Aire géographique : Le Pallet. 12 vignerons inscrits dans la démarche.Prenant place sur la rive droite de la Sèvre, ce cru se distingue par un terroir chaud et précoce. Peu profonds et très pierreux, ses sols reposent sur des gneiss (roche métamorphique) et des gabbros peu altérés : un sous-sol suffisamment fracturé pour permettre l’enracinement de la vigne. Les vins exigent un minimum de 17 mois d’élevage afin de révéler une trame aromatique élégante aux nuances fruitées et florales.
CHIFFRES. 1 cépage unique : le melon de Bourgogne.
9 000 hectares dont 75 pour les crus communaux.
6 500 à 7 500 pieds par hectare
45 à 65 hectolitres/hectare de rendement selon les appellations (45 pour les crus
communaux)
460 000 hectolitres en production annuelle dont les deux tiers « sur lie »
(photos Philippe Caharel et X)